Toi qui est passé de l'autre côté
Je t'imagine excellent méhari, sur des grandes distances à poursuivre ton chemin
Faisant corps avec ton chameau, l'excitant incessamment par un mouvement machinal et ininterrompu du pied ou de la cravache
Officier, avec fière allure, te voilà dans d'incessants déplacements
Je t'imagine prendre contact avec toutes les tribus et avec les chefs t'enquérir
De leur état matériel et moral, les apprivoisant peu à peu par des palabres amicales
Tu étais dévoué à ta hiérarchie, à ta patrie, ta force était l'abnégation, le dévouement
Et tu brillais de ton intelligence
Tu faisais corps avec l'âme touareg
Tu décrouvrais les pistes brûlantes, croisant les caravanes des chameliers
Tu te désaltérais dans les oasis fraîches et accueillantes
Puis reprenais ta route dans les dunes
Le sable et les pierres te blessaient
Le soleil tannait ta peau
Le soir, sous la tente, les nuits glacées te faisaient trembler
Et chaque jour ainsi se renouvelait.
Dans ce désert tant désiré, sur cette terre secrète, où tout était secret, codé, à déchiffrer
Tu cheminais fièrement autour des longs cirques des montagnes de blocs et de poussière
Tu as poursuivi ta route, le corps fier et fatigué, la tête haute
Et ton âme, un court instant
Rêve d'éternité
Moi, ta biche, j'ai croisé ta route sur le sable, en Angola, sur la plage de Moussoulo
Du haut de mes 6 ans, tu étais pour moi très beau et si rigolo
Nous étions si complices dans nos rires et nos cachotteries se cachant sous le zodiac
Ton sourire et ton rire n'étaient qu'éclats de soleil, du bonheur à l'état pur
Tu m'enveloppais de tant d'affection
Tu m'entraînais sur la pirogue à tenir l'équilibre, m'initier à la pêche, toujours avide de m'apprendre avec ce feu brûlant qui t'animait, ponctué de joie et d'éclats de rire
Tel un mentor, je t'admirais et buvais tes paroles, parfois sévères mais toujours dans la douceur, j'écoutais tes récits d'aventures dignes d'Indiana Jones
Ensemble, nous sommes allés visiter bien des sites, tu m'expliquais les météorites, les pierres fossilisées, les espèces animales, nous mangions le fruit du Baobab, il me semblait être sous la haute protection du Roi de l'Afrique, à tes côtés, tel Tarzan, il ne pouvait plus rien m'arriver.
Aujourd'hui tu t'endors et me laisse en dehors....
Sache que tu demeures dans mon coeur, dans mon âme
Tout de toi, ton sourire d'or éclatant et ton aura rayonnante
Ton regard qui brillait de mille feux d'étoiles
Par-delà tous les océans, tous les continents, tous les déserts
Dans le souffle du vent
Par la chaleur du soleil
Je sais que tu seras toujours là
A m'envelopper de ton amour de papy, mon papy de Luanda
Qui a beaucoup compté dans ma vie
A toi